Disons-le d'emblée, au risque de me faire lyncher : je déteste Dragon Ball "Z", avec un Son Goku adulte, c'est comme ça, je n'y peux rien. J'ai essayé de le regarder assez souvent, par effort d'honnêteté, mais non, non. Evidemment je parle surtout de la série TV animée (à laquelle Toriyama n'a que très peu contribué, se contentant de ramasser les sous, et il a eu bien raison), mais je ne crois pas que le manga que Shueisha le contraignait à poursuivre mérite beaucoup plus d'intérêt, et il était lui aussi de cet avis.
Bref, parlons plutôt d'un shônen absolument génial (comme le Maître des Tortues Laughing ) : le Dragon Ball d'origine ! justement je viens de relire son début, jusqu'au château de Pilaf.
Je me souviens encore de ma stupéfaction en découvrant l'animé à la téloche : "Tiens, ça se passe visiblement en Chine ! les Chinois sortent des trucs excellents, finalement !" Erreur donc, vite rectifiée.
Rappelez-vous, tout démarre par la fortuite rencontre d'un couple extrêmement contrasté : un enfant sauvage à queue de singe, qu'on découvre tout de suite comme d'une force hors du commun, écrasant un rocher, pêchant un poisson géant, et une jeune citadine hautement évoluée et techniquement bien équipée, grâce au détecteur de DB et aux "capsules" (invention fascinante !). Le duo en pleins quiproquo très comiques d'abord se lance dans une grande quête aux 7 mystérieuses boules de cristal : "Le monde est bien plus grand que tu ne crois", dit Bulma à Son Goku.
Pas mal de gags encore autour de la maison-capsule de Bulma, qui va crânement exhiber sa culotte au libidineux Tortue Géniale - sauf qu'elle ignore n'avoir pas de culotte ! Puis ils sont rejoints, à la suite d'une péripétie dans un village aux allures d'Asie Centrale, par Oolon, un cochon vêtu en Garde Rouge chinois qui fait également contraste avec Son Goku : par son pouvoir (de transformation), mais aussi par son cynisme et sa lubricité, alors que notre enfant-singe n'est qu'innocence et confiance envers tous. Bulma, qui est beaucoup plus calculatrice, réussit à piéger Oolon avec un bonbon défécatoire dès qu'on siffle. Rabelais aurait adoré l'idée !
Arrivé là, on veut à tout prix savoir la suite : que l'auteur va t-il inventer ? et arrivent Yamcha avec l'improbable et kawaii Plume, doué lui aussi du pouvoir de transformation, des voleurs (notamment de capsules), lesquels vont être habilement amenés par l'intrigue elle-même à s'allier aux trois compagnons de départ. Non, ça n'a l'air de rien, mais c'est très joliment maîtrisé !
On remarque aussi des méchas (véhicules) très amusants et précis de design (Toriyama a commencé comme designer dans une revue de modélisme, et ça se voit). A deux reprises, Bulma perd sa boîte de capsules, car Toriyama a dû se rendre compte que cela rendait l'odyssée un peu trop facile, mais les capsules reparaîtront de loin en loin.
On s'amuse beaucoup de retrouver Tortue Géniale, ses obsessions lubriques, mais il faut remarquer que pour éteindre la Montagne de Feu, il prend torse nu une allure soudain body-buildée (hélas futur poncif général de tout héros dans DBZ) et lance le fameux "Kamehameha" !
Bien sûr l'épisode de la Bande des Lapins a été inspiré à Toriyama par la tenue de bunny-girl qu'il a fait endosser à Bulma, c'est juste anecdotique.
Ce qui relance l'intrigue d'action, c'est plutôt évidemment l'attaque par les deux sbires de Pilaf, puis la capture de nos 5 compagnons (puisque rejoints par Yamcha et Plume).
Quel talent narratif, humoristique, déjanté, quelles créations de personnages !
Auteur : Lord Yupa